Monitorage de la nociception dans les blocs opératoires

Monitorage de la nociception dans les blocs opératoires

 La douleur est définie selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes ».[i]

Douleur et nociception sont deux phénomènes distincts. Cette dernière correspond à l’ensemble des processus sensoriels mis en place par l’organisme en réponse à des stimulations externes. Le message nerveux suit un parcours ascendant de la moelle épinière jusqu’au cortex, en passant par le tronc encéphale et le diencéphale.[ii]
Il existe deux formes de nocicepteurs, que sont les mécano-récepteurs d’une part, activés par des stimuli douloureux mécaniques, et les nocicepteurs polymodaux d’autre part, activés par des stimuli mécaniques, thermiques ou chimiques. Le message nociceptif est véhiculé suite à la stimulation de ces  terminaisons nerveuses libres et aura pour conséquence de provoquer la sensation de douleur.[iii]

L’évaluation de la douleur est assez commode chez un patient capable de comprendre l’environnement qui l’entoure et capable de s’exprimer. Cet exercice est cependant plus complexe chez le non-communicant, plus particulièrement chez les patients sous anesthésie générale.

Plusieurs moyens sont aujourd’hui mis en œuvre dans les blocs opératoires afin d’évaluer et de mieux gérer la douleur des patients.
En effet, même inconscients, les processus nociceptifs des individus ne sont pas entièrement au repos. Une activité corticale en réponse à un stimulus douloureux demeure même après une perte de conscience.[iv] Pour un patient subissant une opération chirurgicale sous anesthésie générale, une stimulation nociceptive peut être responsable d’un stress post-traumatique causé par une mémorisation de la douleur ressentie durant l’acte.2

Cet influx nociceptif peut être dépisté grâce aux réactions physiologiques qu’il déclenche (augmentation du rythme cardiaque, modification de l’EEG, dilatation pupillaire, sudation…), à l’aide d’un monitorage électrophysiologique et clinique adapté.2

Cependant, l’enjeu actuel serait plutôt d’essayer d’éviter la formation de ce message nociceptif en adaptant en amont, une analgésie optimale, éventuellement grâce à un moniteur qui quantifierait la balance analgésie-nociception et qui serait donc capable de prédire l’absence ou non d’une réponse à une stimulation extérieure. 2




[i] Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur. Définition de la douleur. Disponible sur http://www.sfetd-douleur.org/definition

[ii] Contant I, Sabourdin N. Monitoring de la nociception peropératoire. MAPAR 2012

[iii] Payen JF. Bases physiopatholgiques et évaluation de la douleur. Corpus médical – Faculté de médecine de Grenoble 2002 

[iv] Hofbauer RK, Fiset P, Plourde G, Backman SB, Bushnell MC. Dose-dependent effects of

propofol on the central processing of thermal pain. Anesthesiology 2004;100(2):386-94