LifePriority l'importance des gestes qui sauvent

L'association LifePriority intervient auprès des salariés afin de les sensibiliser aux techniques de réanimation. Découvrez l’interview du Pr. Jean Daniel Chiche PU-PH Université Paris Descartes qui nous parle de l’importance des gestes de premiers secours et de la réanimation.

Pourquoi est-ce important de sensibiliser le public aux gestes de premiers secours?

Parce qu'aujourd'hui l'arrêt cardiaque, c'est à peu près 350 000 victimes par an en Europe, que sur ces 350 000 victimes, il y a à peu près 100 000 personnes qui vont faire l'objet de manœuvres de réanimation cardio-pulmonaire, 40 000 qui vont arriver vivantes à l'hôpital 20 000 qui vont survivre et à peine 10 000 qui survivront sans séquelles. Ce qui fait environ 3% en moyenne.

Pour être plus explicite, c'est l'équivalent de deux avions pleins qui tombent tous les jours !

En France, la variabilité de survie est importante : elle varie de 0.3% à 39%, d'un département à l'autre. Et ce qui fait cette variabilité, ce n'est pas l'accès au défibrillateur, ce n'est pas le fait qu'il y ait un SAMU ou un service d'urgences, c'est globalement la qualité de la formation du grand public.  On ne dispose que de 3-4 minutes pour agir entre le moment où la victime s'effondre et où son cœur s'arrête et le moment où on commence les manœuvres de réanimation. Au-delà de ces 3-4 minutes, on n'a aucune chance de récupérer une activité cérébrale sans séquelles neurologiques.

Il y a malheureusement un fort déficit de formation de la population française. Dans 20-25% des cas maximum, la personne en arrêt cardiaque est mise en position latérale de sécurité, mais ce n'est pas ce qu'il faut faire. Donc c'est important parce qu'on peut accrocher le premier maillon de la chaîne de survie avec des formations qui sont très simples. On se focalise pendant 30 minutes sur des gestes simples : prévenir, reconnaitre l'arrêt cardiaque, contacter les secours de façon adaptée, pratiquer le massage cardiaque et si on a accès à un défibrillateur, défibriller.

Quels sont les effets que vous observez suite à la mise en place de ce type d'événement?

Il y a des effets immédiats : c'est l'adhésion totale des personnes formées. Ce sont des formations courtes qui sont focalisées uniquement sur la réanimation et l'arrêt cardiaque. On essaie de faire les choses dans une ambiance sympa, conviviale mais à la fois très sérieuse sur l'efficacité des messages. Ce qu'on observe, c'est que les personnes formées, indépendamment du fait qu'elles passent un bon moment et qu'elles ont eu l'impression de faire quelque chose d'utile, sont après effectivement en capacité de sauver des gens. Et c'est parfois une mise en pratique immédiate : nous avons l'exemple de personnes qui ont dû réanimer une personne alors qu'elles venaient juste de sortir d'une de nos formations. Cela montre que la formation est efficace : les gens apprennent vraiment à sauver une vie et n'ont plus peur de le faire.

Certains formés décident également de devenir formateur, ils souhaitent s'engager parce qu'ils ont compris que cela pouvait faire la différence.

Ces événements en entreprise, c'est une excellente opération de team building ! Imaginez 150 personnes qui massent en même temps au rythme de "Staying alive", il n'y a plus de grands patrons d'entreprises, de manutentionnaires, tout le monde est pareil. Et tous se recentrent sur des valeurs qui sont des valeurs humaines. Et puis c'est très utile parce que l'arrêt cardiaque survient là où les gens vivent et ils vivent une partie de leur journée dans l'entreprise. Or le décès d'un collaborateur a un effet dévastateur sur l'entreprise. Bref, c'est team-building et life-saving !

Quels sont vos projets futurs?

Une des missions de la fondation, c'est de former le maximum de personnes ! Nous allons donc démultiplier la mise à disposition du matériel de formation pour être au plus proche de toute personne qui souhaiterait former à son tour; poursuivre nos actions de formation du grand public notamment lors d'événements de grande envergure : manifestations sportives, festivals, etc.; et continuer à aller vers les entreprises .

Nos autres missions consistent à collecter des fonds pour financer la rechercher pour mieux comprendre les maladies que l'on soigne, mais aussi financer des programmes d'éducation des personnels. C'est fondamental, on ne peut pas accepter que, 15 ans après la publication d'un travail qui montre que des mesures simples permettent de baisser la mortalité de personnes ventilées, pour 40% d'entre elles, ces mesures ne soient pas appliquées. C'est une question d'éducation et nous pensons avoir un rôle de facilitateur.

Nous menons également des actions destinées à aider les familles et les patients à supporter l'hospitalisation en réanimation. Une hospitalisation prolongée en réanimation, c'est à peu près 5 fois le stress post-traumatique des soldats de l'ONU qui reviennent de mission. Or nous n'avons pas de psychologues accessibles dans les services. Un des projets immédiats de la fondation est de mettre en place un réseau de psychologues accessibles facilement par un numéro vert, gratuit, à partir des services de réanimation qui sont affiliés à la Fondation afin que ces psychologues, particulièrement formés à ces problématiques de l'hospitalisation en réanimation, de l'incertitude autour de la survie, et du management de la fin de vie, puissent intervenir et donc faciliter la vie des patients et de leurs familles. D'autres projets visent à faciliter la réinsertion professionnelle, etc.

Nous souhaitons également être davantage connus, notamment du grand public. Vous ne choisissez jamais d'aller en réanimation, c'est la conséquence d'une menace pour votre vie qui est parfois brutale ou inattendue. Or, nous sommes ceux qui offrent une deuxième vie, des passeurs en quelque sorte. C'est pour cela que nous souhaitons avoir plus de ressources pour être à la hauteur des missions qui sont les nôtres aujourd'hui. 

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